La musique est une pratique accessible à tous
Bonne nouvelle, la pratique musicale est accessible à toutes et à tous, la musique peut être apprise et pratiquée dès six mois sans limite d’âge. Pour tordre le cou à beaucoup d’idées reçues, il est bon de rappeler ici que les avancées de la science et des neurosciences des trois dernières décennies apportent un éclairage neuf et totalement contre-intuitif sur ce que la croyance populaire véhicule en terme d’idées préconçues sur la musique et la pratique musicale. Certitudes et croyances ancrées dans notre esprit comme une évidence que l’on ne songe même pas à réinterroger. Continuer à lire
Que disent la science et les différentes études menées partout dans le monde sur la musique et sa pratique ?
On naît tous musicien ! La musique est un acquis cérébral, on ne devient pas seulement musicien par la pratique, le bébé naît musicien. Le cerveau du bébé est « pré câblé » pour répondre aux sollicitations de toutes les musiques du monde. Ce n’est que par l’imprégnation de son environnement familial, culturel et social qu’il définira une préférence ou des habilités particulières pour telle ou telle forme d’esthétique musicale. Tous les êtres humains naissent musiciens comme l’atteste le langage musical qui, tout comme le langage parlé, existe depuis des temps immémoriaux dans toutes les sociétés humaines.
En chiffres, ces études montrent que tout un chacun peut prétendre accéder à la pratique musicale. Et que la pratique musicale doit être encouragée dans tous les cas puisque :
- 95% des individus pourraient atteindre un niveau professionnel s’ils y investissaient le temps de pratique nécessaire. A fortiori, tout un chacun peut être un excellent amateur.
- 2,5% d’entre nous sont considérés comme des prodiges pour des aptitudes hors normes.
- Et 2,5% sont touchés «d’amusie ». De ce fait, ils éprouvent de grandes difficultés à entendre, écouter, apprécier et à apprendre la musique. Ils devraient bénéficier d’une initiation musicale très précoce pour palier à ce handicap.
Les bienfaits de la musique
La musique, en plus du plaisir et du bonheur qu’elle procure, est la source de nombreux bienfaits tant sur le plan cognitif, de la santé que du lien social qu’elle encourage dès le tout jeune âge.
Les bénéfices cognitifs
Les travaux sur la plasticité cérébrale montrent l’effet majeur de la pratique musicale sur la mémoire, l’attention et la motricité. Ils montrent les liens entre la pratique musicale et les modifications du cerveau qu’elle entraîne. Mais également, comment ces modifications cérébrales potentialisent, par effet de transfert, les performances intellectuelles des sujets qui s’y adonnent.
Au Canada, les travaux de Glenn Schellenberg, professeur de psychologie à l’université de Toronto, montrent que la pratique de la musique par de jeunes enfants permettrait de développer plus rapidement leur quotient intellectuel. Elle aurait également des effets positifs sur la coopération. La musique permettrait dès le plus jeune âge d’acquérir une meilleure motricité.
De par notre expérience de pédagogues, et grâce à un projet d’apprentissage et de pratique musicale original pour lequel nous avons créé l’icm en 1988, nous ne pouvons que confirmer ces résultats. Nous avons pu que constater, non pas du point de vue de la science mais bien de celui de la pédagogie musicale auprès de quelques 35.000 élèves. C’est un nombre qui aujourd’hui nous impressionne et dont nous sommes fiers. Mais comment s’étonner des effets si spectaculaires d’une telle pratique alors même qu’elle nécessite :
- apprentissage de règles spécifiques
- répétition d’un geste jusqu’à le maîtriser
- coordination
- concentration
- prise en considération des actions et augmentation de la prise en compte du point de vue des autres dans les pratiques collectives. Cela se caractérise par une plus grande empathie et au final un meilleur vivre ensemble.
- développement de la sensibilité artistique et de la créativité du pratiquant.
Selon Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen : « On sous-estime les bénéfices des projets artistiques. En effet la pratique d’un art est une pratique de projet. Aboutir à jouer un morceau de musique signifie qu’on définit un objectif, les moyens d’y parvenir, une méthodologie. C’est une démarche très proche de la méthode scientifique. C’est une démarche par projet. On réfléchit au nombre de séances, aux techniques qu’il va falloir convoquer, aux difficultés à surmonter et que l’on surmontera pour arriver au résultat souhaité. C’est un investissement personnel. C’est très motivant. Cela fait que l’on a les clés d’une pédagogie par projet qui peut complètement se transférer à tous les apprentissages fondamentaux. »
Les bénéfices pour la santé au travers des âges de la vie
Si on peut commencer la pratique musicale très tôt, dès six mois, la science est catégorique. Même à un âge avancé, on peut apprendre la musique ! On sait d’autre part aujourd’hui que cet apprentissage musical tardif aurait un effet protecteur sur le cerveau. Il freinerait ou retarderait le déclin cognitif ! La pratique musicale est certes, comme tous les apprentissages, est facilitée par une étude précoce. Mais elle est bénéfique à tous les âges de la vie.
Les bénéfices sociétaux
En plus du plaisir de jouer, de bouger ou de chanter ensemble, la musique est source de ralliement social. Elle accompagne aussi bien les moments de convivialité que les rassemblements populaires et les cérémonies. Elle développe notre sensibilité empathique et l’écoute de l’autre et de sa différence.
L’apprentissage
Toute la recherche actuelle montre que pour profiter de tous les apports de la musique tant sur un plan artistique, créatif que cognitif, intellectuel et social, l’écoute ne suffit pas. Il faut la pratiquer, s’inscrire dans son apprentissage.
L’apprentissage de la musique repose essentiellement sur l’imitation, soit de façon plutôt informelle en apprenant de musiciens plus avancés, soit, dans un type d’approche pédagogique plus formelle, structurée en méthode, avec un enseignant qui en a fait son métier. L’apprentissage de la musique se fait de façon optimale dans la relation à l’autre. Notamment avec un professeur qui saura maintenir en éveil la curiosité et la motivation de son élève tout au long de sa pratique.
Depuis quelques années, au sein d’icm, nous nous sommes posés, de notre point de vue de pédagogues, la question de l’évolution et de la pertinence de notre approche pédagogique. Notamment en raison de l’évolution des médias dématérialisés et d’une offre en ligne de didacticiels, tutos et vidéos pour l’apprentissage, qui devient pléthorique. Cependant, de nombreuses études l’attestent. Isabelle Peretz le confirme aussi dans son livre dont nous faisons référence ci-dessous. Le support électronique, numérique ou informatique ne peut se substituer en aucun cas à la présence essentielle et indispensable d’une personne, d’un professeur.
Le plaisir d’apprendre
Par ailleurs, la recherche du plaisir associé à la pratique musicale est certainement une des motivations de son apprentissage. Par effet de transfert aux autres disciplines et comme pour la musique, le plaisir d’apprendre active le circuit de la récompense (dopaminergique) dans le cerveau. Cela favorise ainsi la curiosité, la motivation, la concentration, la persévérance et la mémorisation. La dimension du plaisir ne doit donc pas être éludée. Elle doit même être au cœur des apprentissages. Nous mêmes, sommes attentifs depuis les débuts de notre projet musical et pédagogique, à cette dimension du plaisir d’apprendre. C’est pourquoi nous encourageons la pratique immédiate de l’instrument et que nous accueillons et enseignons tous les styles de musique sans limite d’âge. Cela n’exclut en rien les longues heures de pratique nécessaires à l’apprentissage d’un morceau dont la maîtrise est très directement conditionnée au temps investi.
Pour plus d’information, vous pouvez retrouver l’essentiel des avancées des neurosciences cognitives à propos de la musique dans l’excellent livre d’Isabelle Peretz auquel nous nous sommes référés pour écrire cet article : Apprendre la musique, nouvelles des neurosciences (Éditions Odile Jacob). De nombreuses conférences et communications sont également disponibles sur internet.
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