Mon premier cours en visio : témoignage d’Alexandre
Comment profiter d’un confinement sanitaire pour continuer à progresser avec son instrument ? Peut-on prendre un cours de piano… sans professeur ? Avec la pédagogie « visionnaire », c’est désormais chose possible. Continuer à lire
Prendre du recul avec son piano
Concernant ma pratique du piano, j’ai accueilli le début de cette période de confinement avec un petit sourire en coin. Vous savez, le style de banane que vous arborez lorsque l’heure des vacances a enfin sonné. Là, pour le coup, c’était des vacances totalement imprévues, une sorte de cadeau qui tombe du ciel. J’ai compris qu’avec le confinement, mon prof n’allait plus venir sonner à ma porte le lundi à 18h30. J’allais fermer le couvercle du piano pendant quelques temps. Cela faisait un moment que je me demandais si j’allais continuer les cours. Cette période de confinement me permettrait de réfléchir tranquillement, sans pression. Je me suis dit, chouette, je vais prendre un peu de recul avec mon piano.
Rattrapé par son professeur
Je me souviens très bien de ce moment. J’allais regarder une série lorsque le téléphone a sonné. C’était mon professeur de piano. Cela m’a fait bizarre d’entendre sa voix joyeuse. Le confinement avait débuté depuis seulement quinze jours et j’avais l’impression d’être coupé du monde depuis un siècle. « Comment vas-tu, mon cher Alexandre ? m’a-t-il demandé. Je t’appelle pour le prochain cours, lundi 18h30, c’est toujours bon pour toi ? » Je l’ai trouvé un peu à l’ouest sur ce coup. Peut-être n’écoutait-il pas les infos. En tous cas, il ignorait qu’on ne pouvait plus sortir. Comment lui annoncer la chose ? Le choc pouvait être violent.
La visio arrive sur terre
J’ai commencé par lui dire qu’on n’allait pas risquer notre vie pour une histoire de cours de piano. « Je suis bien d’accord avec toi, Alexandre, il a répondu. C’est pour ça, les cours en visio, ça va être vraiment pratique ! Le type qui a inventé ce système a aussi conçu une pédagogie visionnaire ! » Et là, j’ai tout compris. Evidemment que je connaissais le principe de la visio-conférence, mais je ne l’avais jamais imaginée pour un cours de piano. Le choc a été pour moi. J’ai conservé cependant une voix souriante au téléphone, j’étais touché par la façon dont mon prof prenait les choses en main. Ne serait-ce que par solidarité, je ne pouvais pas le décevoir. Nous avons donc pris un rendez-vous « zoom ».
En présence de personne
Je dois vous dire que je n’y croyais pas un instant. Pour moi, un cours de piano, c’était deux personnes, le professeur et l’élève, assis devant le même clavier. J’ai pensé à son odeur de clope qui ne traverserait plus mon champ olfactif. Je ne le verrais plus se tortiller sur sa chaise quand ma main gauche courait après la droite. Je n’allais plus admirer ses longs doigts de concertiste effleurer mon clavier Yamaha pour me donner l’exemple. En fait, j’allais prendre un cours avec un fantôme. Sympa. Mais quand j’ai soulevé le couvercle de mon piano pour dérouiller mes doigts confinés, j’ai eu l’impression que la vie reprenait son cours normal. Quoiqu’il arrive, j’allais de toute façon jouer devant mon prof. C’était tout ce qu’il y avait à retenir. Et le jour du rendez-vous en visio, j’ai retiré mon kimono d’intérieur, décroché un costard dans le dressing et mis une cravate. J’étais prêt. Prêt à accueillir mon professeur, et surtout, la caméra qui allait enregistrer dans ses plus infimes détails le déroulé de ma prestation au piano.
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