Le silence, c’est encore de la musique…
Pas facile de gérer ce temps improbable des vacances, de la canicule parfois, avec un instrument. Il est utile de bien se préparer afin de gérer au mieux cette période estivale, sans culpabilité, pour savourer ensuite le plaisir des retrouvailles. Continuer à lire
L’angoisse du mois d’août
Il y a un moment terrible, c’est l’été, en plein mois d’août, quand tout le monde est en vacances. A savoir que le secrétariat d’icm sera fermé du 3 au 18 août. Bref, vous allez vivre un long moment de solitude avec votre instrument. Vous allez devoir l’occuper, le distraire, lui trouver des occupations, l’emmener au square pour qu’il joue avec d’autres instruments. Mais même les squares pour instruments seront fermés, catastrophe ! Que faire, aller au cinéma ? Mais les vigiles ne vous laisseront jamais entrer avec votre instrument, qui sait, vous cachez peut-être une mitraillette dans votre étui à violon. Ne désespérez pas, il y a peut-être une solution : mettez votre instrument au congélateur. S’il vibre trop fort, les voisins ne l’entendront pas. En attendant, vous serez tranquille.
La plénitude du silence
Vous avez l’impression qu’il vous manque quelque chose. Votre instrument a fini par s’endormir dans le congélateur. Du coup, l’appartement est bien calme soudain. Vous culpabilisez un peu, beaucoup, passionnément. Mais vous tenez bon, pas question d’ouvrir le congélo avant le 18 août. Et là, peu à peu, dans le silence sépulcral de votre salon, vous commencez à intérioriser la musique, à l’entendre battre dans vos veines, votre cœur, votre cerveau. Cette musique est silencieuse et pourtant vous parvenez à l’entendre. Vous vous laissez bercer par une sorte d’idéal musical. Vous ne pensez plus à votre instrument, à vos doigts, à votre souffle, à vos pieds. C’est les vacances…
Comme un sportif
Vous avez bien raison de vous arrêter, parce que le corps, c’est-à-dire l’outil qui vous permet de jouer, est en congés. Le magasin est fermé pour raison estivale. Ce sont tous vos muscles qui vont profiter de cet arrêt, se remplir d’oxygène, sans stress ni objectifs. Laissez-vous vivre enfin sans vous mettre la pression. C’est agréable de se sentir enfin détaché de son alter ego. Plus de fausses notes, plus de couacs dans l’air, plus de vibrato qui fait pleurer la voisine. Pendant ce temps, votre organisme reprend du poil de la bête, tout comme votre cerveau. Vous avez l’impression de tout avoir oublié et c’est une bonne nouvelle. Le corps d’un instrumentiste est comme celui d’un sportif, il a besoin de faire un break, de temps en temps, vous êtes couvert administrativement, profitez-en.
Apprendre le silence
Ne pas jouer, c’est apprendre la force du silence, c’est aussi lire une partition comme on dévore un roman, avec des notes qui courent sous les yeux, pareilles à des mots. Vous ne savez pas à quel point vous vous faites du bien. Car une chose est sûre, quand vous reprendrez, les choses ne seront plus tout à fait comme avant. Ce silence aura fait de vous une autre personne, les progrès accumulés pendant l’année auront mûri. Le repos est la force du lendemain. Votre médecin vous le dira, même la machine humaine a besoin de débrancher les batteries. Et puis un jour, peut-être le 19 août au matin, vous allez ouvrir le congélateur pour récupérer votre instrument. Evidemment, les retrouvailles seront un peu froides, mais rassurez-vous, c’est quand on est un peu givré que l’on parvient à faire des étincelles. En attendant, bon silence !
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