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La souris verte

Médiateurs d’échanges d’une grande intensité entre l’adulte et l’enfant, cet art de la chanson pour enfant, couramment appelé à tort comptine, est souvent relégué dans nos mémoires au répertoire futile. Et pourtant, ces formules enfantines se sont transmises de génération en génération, elles continuent à être exploitées pour éveiller l’enfant, réveiller l’âme d’enfant des parents… Parfois revisitées en harmonie, mélodie, rythme, orchestration… on revient très vite à l’originale, du moins celle que l’on croit être « la source première ». Pourquoi ces formules chantées règnent-elle en maîtresse dans les oreilles de nos enfants ? Y a t-il un secret ? Continuer à lire

On connaît tous cet air de la souris verte. A l’âge adulte, celle-ci peut nous donner l’impression d’être absurde, sans surprise dans sa ligne mélodique et très fade dans son rythme… mais regardons de plus près !

Une origine légendaire

Historiquement, cette si mignonne souris verte n’est autre que la représentation d’un soldat vendéen qui aurait été traqué pendant la Guerre de Vendée (1793-1795) puis torturé. Ce chant traditionnel est donc empreint de vérité historique et tragique.

Un enchaînement de mots farfelus pour rire et chanter

Les rimes et mots choisis, pour transmettre le récit de ce pauvre soldat, développent les consonances et forment l’oreille qui, à force de répétitions, installeront rires, grognements puis babillages et enfin lallations. Ce récit incongru d’une souris verte se transformant en escargot touche un rapport très personnel que chacun entretient avec son propre corps. La ligne mélodique aussi désuète nous semble-t-elle, est évocatrice. Elle s’envole et atterrit doucement en recommençant. Elle génère pour l’enfant l’amusement et l’intérêt. Le recensement des endroits où on dépose la souris chapeau, tiroir, culotte et chemise… permet de jouer avec l’enfant par les gestes tout en lui suggérant l’enracinement dans son corps. Construite sur une pulsation binaire, celle-ci va lui permettre en même temps d’évacuer ses tensions, ses peurs. Quand à la répétition de rythme, cela va instaurer un climat de confiance pour l’enfant alors même que l’histoire est tragique.

Stimuler ces sens

On peut éprouver des réticences quant à l’emploi de cette formule enfantine sous le prétexte de son histoire mais il faut savoir que tout notre répertoire, destiné à accompagner nos enfants et appartenant à notre folklore, a une histoire parfois effrayante (Jean Petit qui danse – encore une histoire de torture), parfois amusante (Mon Petit Lapin – jeu du caché / coucou) et parfois coquine (Au Clair de la Lune – il faut aller jusqu’au bout de la dernière strophe : Pierrot s’enferme dans le noir chez la voisine alors même qu’il sait qu’elle n’a pas de plume ) … et ils sont bien là l’intérêt et le secret de ces formules enfantines : transmettre et éveiller sens et conscience.

Un élément du patrimoine

Les formules enfantines traversent les générations car elles sont empreintes d’une vérité que nous transmettons inconsciemment à nos enfants. La richesse des mots employés, le caractère très souvent incongru, la fermeté des mélodies facilement assimilable constituent leurs secrets.

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