Le solfège est-il un passage obligé dans l’apprentissage du piano, du clavecin ?
C’est la bête noire de beaucoup d’apprentis claviéristes, mais aussi de musiciens qui veulent apprendre à lire la musique : le solfège, rebaptisé formation musicale, n’a pas vraiment la côte. Pourquoi faut-il se réconcilier avec cette discipline ? Continuer à lire
De la théorie à la pratique
On dramatise toujours un peu quand on en vient à parler de solfège, c’est d’ailleurs pour cela qu’on a voulu, dans les écoles de musique et conservatoires, remplacer le terme par formation musicale et espérer gommer l’aspect un peu rêche de la discipline. Tout le monde préfère jouer de son instrument, c’est un mouvement beaucoup plus instinctif, et on se passerait bien de la théorie. Et pourtant, il n’y a pas que la lecture de partition dans la formation musicale, ou l’apprentissage des tonalités, des rythmes, etc. Il y a surtout l’étude de l’histoire de la musique, l’écriture, l’analyse… autant d’outils et de connaissances qui nous permettent de développer notre propre sensibilité musicale. Pour les claviers, c’est d’autant plus essentiel. Car en plus de nous apporter une certaine autonomie (quelle excitation de déchiffrer un nouveau morceau), la théorie va enrichir notre jeu et notre connaissance de l’instrument.
Le piano plus précisément regorge de compositeurs classiques, romantiques qu’il est essentiel de mettre en perspective avec nos propres goûts. C’est d’ailleurs la clé pour ne pas être dégoûté du solfège : relier au maximum sa pratique de l’instrument et la théorie, mais en aucun cas dissocier les deux. Petit à petit, avec un peu de curiosité, on peut découvrir de nouveaux horizons.
Une histoire de répertoires et d’écritures
En effet, lorsque nous parlons de formation musicale, nous parlons aussi d’époques, de styles et de compositeurs. Il paraît difficile de dissocier le clavecin de la musique baroque, ni même de pièces maîtresses comme L’Art de toucher le clavecin de Couperin, un ouvrage pédagogique fondateur, ou de Bach (l’ensemble de son œuvre). Dans ce sens, le solfège paraît indispensable pour comprendre à la fois le morceau, mais aussi son instrument. Le solfège est une émanation de la musique savante occidentale, dite « classique », c’est la norme d’écriture qui lui a permis de se développer uniformément et d’écrire des partitions fixes et complexes. La musique africaine traditionnelle au contraire n’a pas de solfège à proprement parler, et se transmet de façon orale.
Si le piano paraît moins associé à une époque, puisqu’il est tout à fait possible de jouer des pièces de musique actuelle sans avoir déchiffré un Chopin, un Beethoven, un Brahms, c’est aussi parce qu’il a été au cœur d’autres genres musicaux. Le jazz par exemple, remet en question l’écriture musicale et l’harmonie classiques avec des accords chiffrés et plus souples. La musique contemporaine quant à elle, pousse à redéfinir complètement le solfège normal, comme par exemple la pièce 4 Systems d’Earle Brown qui a pour partition une série de longs traits noirs. Sans oublier la musique électronique, qui délaisse le solfège et les notations classiques pour privilégier le langage MIDI.
Développer ses connaissances
Apprendre le solfège, c’est donc en partie s’intéresser à l’histoire de son instrument et de la musique en général. Au bout de quelques temps, vous serez ravis de connaître les subtilités de l’accord de septième diminuée ou du mode dorien ! Plus, c’est aussi s’ouvrir les portes de la composition, ou de l’orchestration. Et même si vous ne jurez que par le synthétiseur, sachez que même les pionniers de la musique électronique ont étudié Bach, ne serait-ce que pour s’en différencier.
Mais alors, si c’est utile, qu’est-ce qui est vraiment rébarbatif dans le solfège ? Comme pour l’apprentissage d’une langue, il y a une logique à saisir, du par cœur, et beaucoup de répétition. Mais le secret, c’est de toujours travailler avec des exemples concrets, et de garder en tête que cela nous servira à élargir notre champ musical. Et une fois appris, c’est comme faire du vélo, on n’oublie jamais tout à fait.
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