Fêtons Noël en musique (baroque)
Cette série propose une anthologie de morceaux célèbres ou méconnus, de tous styles et de toutes époques Continuer à lire
En ce 24 décembre, je vous propose un peu de Daquin…
… mais pas le médicament bien sûr !
L’organiste Louis-Claude Daquin (1694-1772), contemporain de Rameau et célèbre pour sa pièce de clavecin Le Coucou, publia en 1757 un fameux recueil de 12 chants de Noël adaptés pour orgue. À partir de chacune de ces douze mélodies d’origine populaire, Daquin construisit de brillantes séries de variations à la virtuosité croissante, typiques de la fin du baroque.
Dans le Noël n°10, nous entendons la mélodie provençale Quand Jésus naquit à Noël (parfois aussi appelée Bon Joseph, écoutez-moi). Très à la mode au milieu du XVIIIe siècle, cette chanson pastorale inspire à l’organiste de savoureux jeux d’écho, à l’aide des différents claviers et du pédalier.
La vidéo ci-dessous met particulièrement en valeur cette richesse des timbres de l’orgue, ainsi que les gestes de l’interprète.
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Un organiste qui avait «toute sa tête»
En complément, voici des variations différentes sur la même mélodie, composées par un autre grand organiste et claveciniste, Claude Balbastre (1724-1799). De trente ans le cadet de Daquin, cet étonnant personnage fut rien moins que le professeur de musique de Marie-Antoinette. Et lorsque la malheureuse perdit sa tête, notre virtuose sut, bien au contraire, garder la sienne sur ses épaules ! En effet, ayant senti le vent tourner, il passa entre les gouttes de la Terreur, en mettant sa légendaire virtuosité au service des mélodies révolutionnaires (à commencer par La Marseillaise), sur lesquelles il improvisait brillamment.
Musicien baroque égaré à l’époque classique — il mourut huit ans après Mozart, et l’année même où Beethoven composa sa Grande Sonate Pathétique ! —, Balbastre laissa lui aussi de nombreuses pièces sur des chants de Noël. Il est donc très intéressant de comparer ses variations sur Quand Jésus naquit à Noël avec celles, plus connues, de Daquin.
Cette seconde vidéo nous permet en outre de bien voir le jeu du pédalier, la «troisième main» des organistes.