Petites variations félines [épisode 1]
Tout le monde connaît les ragtimes de Scott JOPLIN, et vous êtes sans doute nombreux, parmi les élèves d’ICM, à avoir essayé de jouer le plus célèbre d’entre eux, Maple Leaf Rag ! Continuer à lire
Tout le monde connaît les ragtimes de Scott JOPLIN (1868-1917)…
… et vous êtes sans doute nombreux, parmi les élèves d’ICM, à avoir essayé de jouer le plus célèbre d’entre eux, Maple Leaf Rag (1899), soit dans sa version originale pour piano, soit dans des versions simplifiées (ce qui est logique d’un point de vue pédagogique, cette pièce étant relativement difficile), soit enfin dans divers arrangements.
En revanche, les successeurs de Joplin sont aujourd’hui un peu oubliés, peut-être parce que le ragtime, très en vogue entre 1900 et 1920, fut ensuite rapidement supplanté par le stride, style considéré comme la première forme de jazz pianistique. Fils du ragtime, le stride reprenait et accélérait la main gauche bondissante de ce dernier, mais en y incorporant les couleurs caractéristiques du blues : c’est ce mélange détonnant qui fit naître le piano jazz, comme dans le fameux Carolina Shout (1921) de James P. JOHNSON (1894-1955).
Dans l’ombre du stride
Pourtant, un contemporain quasi exact de Johnson, Zez CONFREY (1895-1971), cultiva un style assez différent, encore plus fortement inspiré du ragtime que le stride : le novelty, ou novelty rag. Ici, pas de couleurs blues ! Mais une certaine influence de la musique moderne de DEBUSSY ou STRAVINSKI, qui se traduisait par des cascades d’accords dissonants et virtuoses (cascades dont George GERSHWIN s’inspira souvent dans son jazz symphonique).
Un énorme succès à l’époque
S’il est aujourd’hui moins célèbre que les précurseurs du piano jazz comme James P. Johnson, Confrey fut cependant un compositeur à succès durant les années 20. L’un de ses morceaux les plus réussis est le très amusant et imagé Kitten on the Keys (“chaton sur les touches”), de 1921 lui aussi, qui fut notamment enregistré sur des rouleaux de piano mécanique.
Ici, les cascades d’accords dissonants sont bien sûr parfaitement justifiées par le titre… ce qui n’échappa pas aux studios de Walt Disney ! En 1935, ces derniers réalisèrent en effet un dessin animé épatant, dont l’action illustrait à merveille le titre du morceau — décuplant au passage la notoriété de notre ragtime félin.
Regardez cette amusante saynète : nous retrouvons notre piano mécanique jouant le même morceau… mais avec quelques imprévus que je vous laisse découvrir !
[…] bien avant Zez CONFREY et son ragtime pour piano Kitten on the Keys de 1921 (cf. l’épisode 1), le compositeur baroque Carlo FARINA imita avec talent les miaulements et cris caractéristiques […]