Ne confondez pas metal et hard rock
Ces deux styles de musique sont souvent confondus par le grand public, du fait de leurs origines communes. Ils sont pourtant aujourd’hui bien distincts. Continuer à lire
Trois familles distinctes… au sein d’un arbre généalogique touffu !
En réalité, les musicologues discernent désormais non pas deux, mais trois grandes familles stylistiques, au sein de ce que le néophyte aurait tendance à qualifier avant tout de « musique de sauvages » ! Ces trois familles sont le heavy metal, le hard rock et le metal moderne (ou metal tout court).
Vous n’y comprenez toujours rien ? Essayons de démêler tout cela. Voici un bon aperçu de cet arbre, appelé avec humour « histoire abrégée du hard rock et du metal », que j’ai annoté et coloré pour en souligner les points importants :
Ce tableau montre plusieurs phases historiques : tout d’abord les origines (avant 1970), puis la grande époque des pionniers (les années 1970), et enfin la période actuelle (à partir de 1980). Ces phases ne concernent d’ailleurs pas seulement le hard rock et le metal, mais aussi le rock en général, voire le jazz.
Votre « rock dur », vous le prendrez avec ou sans « couleur blues » ?
Parmi les glorieux pionniers des 70′, les historiens de la musique distinguent déjà quatre tendances : le punk rock, le hard rock, le heavy metal et le progressive rock. Parmi ces quatre tendances, deux nous intéressent particulièrement pour notre propos : le hard rock et le heavy metal.
Incarné par Led Zeppelin ou Deep Purple, le hard rock (en bleu sur le schéma) restait toujours fortement relié à ses racines, ce qui s’entendait à la fois dans les riffs énergiques, les mélodies lancinantes imprégnées de blues et les rythmes vigoureusement balancés de ces groupes emblématiques, qui demeuraient ainsi dans la lignée de Jimi Hendrix ou des Rolling Stones.
En revanche, les premiers groupes de heavy metal (en orange), influencés par le garage rock grinçant des Stooges et le rock psychédélique sous tension des Doors, développèrent un style plus radical et souvent plus angoissé : c’était le cas par exemple des sombres troubadours de Black Sabbath. Goût pour les dissonances et les innovations harmoniques, chant encore plus agressif, souvent proche du cri, guitares encore plus saturées et virtuoses, tempos parfois très lents et « plombants », ou au contraire très rapides…
Tous ces éléments déstructuraient les éléments caractéristiques du blues rock, à commencer par le balancement rythmique hérité du rock ‘n’ roll, qui disparaissait parfois complètement sous ce déluge spectaculaire de « métal lourd » en fusion.
Explosion de la diversité stylistique
A partir des années 1980, la brèche stylistique ainsi ouverte par le heavy metal dans le rock ne va cesser de s’élargir, et les musiciens vont absorber et transformer de multiples influences : sauvagerie parfois extrême du punk rock, dissonances et complexité rythmique du progressive rock, noirceur futuriste de la musique industrielle…
De ce brassage permanent vont naître de nombreuses tendances : black metal, death metal, progressive metal, industrial metal… branches qui se sont à leur tour subdivisées en d’innombrables sous-familles (absentes du schéma pour la plupart), véritables « tribus » musicales cultivant chacune son esthétique propre – en général un savant mélange des principales tendances -, et entretenant son cercle de fans dévoués.
Cette évolution fut doublement vertigineuse à partir de la fin des années 1980, le vertige de la multiplication des styles s’ajoutant à celui de la « course à l’extrême » d’une partie de ces styles – notamment le grindcore, le death metal et le black metal.
Le « metal », une nébuleuse de styles plutôt qu’un style
C’est cette explosion étonnante de styles que les musicologues, mais aussi les fans eux-mêmes, regroupent désormais sous l’appellation générique de metal, qui doit donc être bien distinguée du heavy metal historique, et plus encore du hard rock : voilà nos trois familles principales.
Plus qu’un style de musique, le metal est en fait aujourd’hui une vaste nébuleuse en perpétuelle expansion, et représentée par le grand rectangle vert dans le tableau historique ci-dessus.
Les papis font de la résistance
En conclusion, écoutons un exemple typique de chacune de nos trois principales familles :
- Un bon exemple de heavy metal des années 70, avec déjà une tendance « punk sauvage » : le seul vrai groupe de metal et le groupe Motorhead (écouter la seconde vidéo de préférence).
- Un autre exemple de metal actuel, tendance melodic death metal (en rouge sur l’arbre généalogique du metal) : le groupe espagnol Dysnomia.
Et enfin, retournons aux sources avec les « anciens » d’AC/DC, lesquels ne se sont jamais laissé impressionner par la déferlante des « métalleux », et continuent imperturbablement de jouer leur bon vieux hard rock, comme s’ils étaient encore à leurs débuts, en 1973 !
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