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Musique du Japon, l’empire des sens

« La lune s’était levée tard. Il faisait encore sombre sous les auvents de la maison. Mais le ciel brillait d’une lumière admirable. On envoya quelqu’un chercher les cithares au bureau des livres et des instruments. Tô no Chujô choisit le koto à six cordes … Le prince Hotaru prit le grand à treize cordes et Genji lui-même se décida pour l’instrument à sept cordes. La dame Shôshô accompagnait les gentils-hommes sur le luth à quatre cordes… Avec le jour qui gagnait, la couleur des fleurs et des visages apparut peu à peu. Le gai chant des oiseaux se mit de la partie… » Sei Shōnagon. Continuer à lire

Caractéristiques de la musique japonaise

Par le passé, la musique pour les japonais était une chose extrêmement précieuse, au point d’avoir donné des concerts de silence, par crainte de voir le son destiné à l’empereur ou aux dieux profané par des oreilles indignes. musique du japon

Proches de la nature, les japonais aiment ses bruits et apprécient que les musiciens traduisent les sons liés aux forces de la nature, aux signes célestes, etc… dans les différentes oeuvres musicales. L’histoire de l’évolution de la musique japonaise oscille entre deux formes de musiques totalement opposées, la musique déterminée et non déterminée. Ajoutons à cela que le pays a connu plusieurs périodes, parfois longues, d’isolement total, qui lui ont permis d’intégrer ces différents apports (souvent venus de Chine et de Corée) tout en les réinventant par le biais de la tradition musicale. Autre aspect qui rend cette musique si différente par rapport aux autres musiques d’Asie, c’est qu’elle est cloisonnée en une multitude de formes musicales toutes en lien avec un groupe déterminé, à tel point que les mêmes instruments et leurs techniques de jeu diffèrent selon ces groupes socio-musicaux. musique du japon

Les différentes époques d’évolution de la musique japonaise

L’époque préhistorique : du IIIe siècle Avant J-C à l’époque Asuka (552-645)

Cette période se distingue par une musique indéterminée, où la hauteur des notes est fixée par rapport à une note repère, librement émise et susceptible de varier, tandis que le rythme obéit à une périodicité fluctuante. La musique japonaise autochtone se développe sans contact avec la musique continentale.

L’époque antique : de l’époque de Nara (645-794) à l’époque Heian (795-1185)

Riche en apport des différents pays du continent, avec dès le Ve siècle l’introduction du fameux Gagaku, musique de cour venue de Chine et de Corée, qui sera officialisé au Japon au VIIIe siècle. Au IXe siècle, des musiciens et des danseurs japonais se rendent en Chine et étudient avec des maîtres de la dynastie Tang. Cette époque marque l’avènement de la musique déterminée. Le Gagaku en est la forme la plus représentative, elle est caractérisée par la fixité de ses éléments : hauteur des notes fixée au diapason, valeurs rythmiques et temporelles fixées au moyen d’une unité temporelle arithmétique.

L’époque moyen âge : de l’époque Kamakura (1185-1333) à l’époque Muromachi (1333-1573)

Cette période sera la plus marquante pour la musique traditionnelle japonaise, suite à un changement de régime politique au XIIIe siècle, la musique indéterminée supplante les formes musicales déterminées. La nouvelle classe dirigeante militaire (les shôguns), refuse la musique pratiquée par l’aristocratie, et favorise le développement de genres musicaux issus de la tradition autochtone, de type indéterminé.

L’époque moderne : de l’époque Momoyama (1573-1603) jusqu’à la restauration de Meiji (1868)

Cette période est surtout marquée par l’essor de la musique théâtrale et instrumentale en solo.

Le Gagaku, mode d’emploi.

Dans un spectacle de Gagaku, l’exécution donne l’impression d’une cérémonie dans laquelle les musiciens accomplissent des gestes ritualisés. Aucun hasard n’est laissé aux interprètes, chaque mouvement est fixé, d’où le caractère fortement stylisé et quasi rituel de la musique traditionnelle japonaise. Le musicien cherche à se dépouiller de son moi pour retrouver l’harmonie de l’univers.

Gagaku : 

En japonais, Gagaku signifie « musique élégante ». II caractérise la musique et la danse (Bugaku) de la cour impériale. Le Gagaku a été préservé et transmis de génération en génération, sans interruption par la cour. L’esprit du Gagaku est la vénération de la force qui contrôle le mouvement de l’univers et la vie de l’homme en relation avec cette force. La danse de Gagaku s’exécute à l’extérieur, en observant strictement les points cardinaux. Le devant de la scène se place au Nord, l’Empereur, incarnation du soleil, qui regarde la représentation s’assoit au Sud.

Togaku :

Le Togaku se nomme « musique de la gauche » (Saho) et le Komagaku, « musique de la droite » (Uho). Une partie de la représentation se base sur une composition de chacun de ces deux genres. La musique de la gauche se joue en premier et celle de la droite en second. Comme la gauche et la droite se déterminent par la place de l’empereur, la gauche correspond à l’est et la droite à l’ouest. L’ordre de la représentation, qui va de la gauche à la droite, signifie qu’elle commence dans la direction où le soleil se lève et qu’elle se termine dans la direction où il se couche. Un objet doré symbolisant le soleil est fixé en haut du tambour placé dans l’espace Gakuya pour les musiciens qui jouent la « musique de la gauche ». musique du japon

Tambour : 

Au tambour de droite est fixé un objet en argent, symbolisant la lune. Les morceaux représentant la gauche et la droite, joués alternativement font régner le rythme répétitif qui incarne l’ordre de l’univers où le soleil et la lune créent le jour et la nuit. Ce rythme prévaut sur l’ordre de la représentation. La composition basique de la musique de Gagaku prend la forme d’un thème répété, chaque fois de façon légèrement différente et développée tout au long du morceau. La structure de la danse consiste à faire exécuter les mêmes pas, et la même gestuelle à des danseurs, qui bougent à l’unisson. Ceci implique une extension infinie de l’espace. L’espace scénique se modèle pour correspondre à l’immensité de l’univers.

La suite prochainement sur vos écrans …

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